Cissé Bacongo, ministre de l'Enseignement sup. et de la Recherche scientifique |
Les bienfaits et de science et de
la modernisation ne sont plus à démontrer. Car, il est de notoriété que les pays qui maîtrisent la science et ses
applications dominent l’économie mondiale, contrôlent les marchés et imposent
leur culture. La science, la technologie et l’innovation constituent, de ce
fait, les puissants outils de développement dont aucune société ne peut,
actuellement faire l’économie. En effet, la vitalité des activités
scientifiques, technologiques et le niveau d’utilisation des résultats de la
recherche, dans l’appareil productif, constituent des facteurs déterminants de
la capacité d’une nation, voire d’une région, à assurer son développement
socio-économique et l’amélioration de la qualité de vie de ses populations.
Consciente de cette réalité, la
Côte d’Ivoire dès l’indépendance a créé les conditions pour assurer
un développement durable. Il existe des universités, des grandes écoles, des centres
et instituts de recherche tant priés que publics ( Cnra, Csrs, Irma, Grto, Inp-Hb,
Vires, Africa-rice, scaso, Lanema, Lanada, Vtib, Sodexam, I2t, Pasres, Pétroci,
Oipr). Outre les infrastructures, et malgré les conditions difficiles de
travail, les autorités estiment que « les chercheurs ivoiriens
trouvent. » A preuves, ils sont primés au plan international. Leurs
compétences sont reconnues même au-delà des frontières africaines. C’est ce qui
explique que les chercheurs ivoiriens bénéficient chaque fois de subventions et
autres conventions venant de l’étranger, des contrats de recherche.
Toutefois, aujourd’hui, face aux multiples enjeux et mutations, quel est l’état de la recherche scientifique et de
l’innovation technologique. Quelles sont
les nouvelles orientations de la science de la technologie et de l’innovation
en Côte d’Ivoire ?
A l’épreuve de la satisfaction de
ses besoins réels de développement, la
Côte d’Ivoire est confronté à de graves paradoxes marqués par
l’imprécision du statut juridique de la recherche scientifique, malgré la
création en 1971 par le décret 71-480 du 23 septembre 1971d’un ministère
spécifique de la recherche scientifique, pour marquer le rôle prépondérant de
la recherche. Ce domaine est aussi caractérisé par la quasi-absence de
financement adéquat de la recherche dont le non respect du plan d’action de
Lagos, en 1980, né de la résolution des chefs d’Etat africains et réaffirmé à
Addis-Abeba, en 2007, d’affecter à la recherche, au moins 1%du Pib de leur pays
respectif. Mais en réalité, le budget alloué à la recherche en Côte d’Ivoire
est de 0,0125%, soit environ 900 millions de Fcfa ou beaucoup moins.
Sans oublier la déficience de mesures
incitatives qui conduit au transfert inverse de technologie et à la fuite de
cerveaux.
Selon M. Cissé Ibrahim Bacongo, ministre de
l’Enseignement supérieur et de la
Recherche scientifique, depuis une décennie environ, la
recherche en Côte d’ivoire, connaît de nombreux problèmes qui se résument au
plan financier par un faible niveau de financement des activités de la
recherche (environ 0,15% du Pib) et au plan matériel et humains par
l’insuffisance des chercheurs, la mauvaise utilisation des ressources humaines,
matérielles, l’insuffisance et l’inadéquation des équipements de recherche, la
vétusté et l’obsolescence des infrastructures du dispositif de recherche et la
faible valorisation des résultats de la recherche.
Par ailleurs, poursuit le
ministre, la crise post-électorale qui a exacerbé cette situation déjà
précaire, a vu la désorganisation quasi-totale de ce secteur et la destruction
du peu de matériel restant.
« Alors que gouvernants envisagent, l’horizon 2020 d’inscrire la Côte d’Ivoire au rang des
pays émergents, il est difficile, en l’état actuel des choses, d’évaluer
l’ampleur des dégâts et de se prononcer avec certitude sur la contribution du
secteur de la recherche au processus du développement national, »
a-t-il ajouté.
L’on comprend dès lors que l’un
des défis que la Côte
d’Ivoire doit relever pour amorcer la reprise de sa croissance est de se doter
d’un dispositif de recherche non seulement novateur, dynamique, performant et
compétitif mais aussi adapté aux exigences du développement socioculturel,
économique et politique national.
Un tel défi impose de concevoir
et de mettre en œuvre des programmes de recherche pertinents, dont l’exécution
permettra à terme de satisfaire les besoins des populations et accroître leur
bien-être.
C’est dans ce contexte que les
organisations régionales et sous-régionales ont pris conscience que la
réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) passe
nécessairement par la promotion de la science, de la technologie et de
l’innovation.
De ce fait, les chefs d’Etats et
de gouvernements de la CEDEAO
ont, à travers le traité révisé, reconnu le science et la technologie comme les
dénominateurs devant assurer le développement des secteurs stratégiques,
accélérer l’industrialisation de la région et contribuer à la réduction de la
pauvreté par la création d’emplois.
Ainsi, la CEDAEO a-t-elle organisé en
2004, la première conférence des ministres en charge des départements de la
science et de la technologie. Cette rencontre de haut niveau a recommandé de
doter la sous région d’une politique viable en science et technologie, dont
l’objectif est de développer l’agriculture, les transports, les communications,
l’industrie, l’énergie, la santé, l’hygiène, l’énergie, l’éducation et les ressources humaines ainsi que la
préservation de l’environnement. Dans cette optique 13 ministères de CEDEAO,
spécialisés sur cette question ont adopté deux documents de politiques
régionales portant sur la science, la technologie et l’innovation et sur la
recherche scientifique, respectivement à Yamoussoukro (24 mars 2012) et Cotonou
(27 juin 2012). L’on peut retenir de ces deux rencontres, deux recommandations
majeures aux Etats membres. A savoir, élaborer des politiques nationales de
science, technologie et innovation ; consacrer 1% de leur Pib au
financement des sciences, technologie et innovation conformément à l’accord de Lagos.
La politique de la Côte d’Ivoire pour relancer
le secteur des sciences et technologique s’inscrit dans celle de la CEDAEO en matière de science,
technologie et d’innovation ( Ecopost) visant la transformation des Etats
membres de cette organisation en pays à économie intermédiaire, à partir du
développement et de l’utilisation de la science, la technologie et de
l’innovation dans les secteurs socioéconomiques et environnementaux. C’est
pourquoi le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche
scientifique à travers la direction générale de générale de la recherche scientifique
et de l’innovation technologique a adopté les 2 et 3 août 2012 à Abidjan, un
plan stratégique de la recherche scientifique pour la Côte d’Ivoire.
« Disposer au niveau national, d’une politique et d’un plan
stratégique de recherche scientifique et technologique est primordial pour le
développement de toute recherche. Cette politique n’aura de sens et de valeur
que si dans sa phase de mise en œuvre, elle fait l’objet d’une évaluation
continuelle. Cela nécessite des moyens et un cadre opérationnel viables et
fiables, » s’est justifié Pr. Kati-Coulibaly Séraphin, directeur
générale de la recherche, de l’information scientifique et technologique de ce
ministère. C’était au cours de l’atelier
de validation du document de politique et de matrice d’actions stratégiques de
la recherche scientifique.
Ce document comporte la politique
de la recherche scientifique et de l’innovation technologique, le plan
stratégique de mise en œuvre des actions de développement et de la recherche
scientifique et de l’innovation technologique ; les fiches de renseignements
des données pour l’inventaire du potentiel scientifique et technologique.
Mieux, il est créé une Direction
chargée de la valorisation et de la promotion. De ce fait chaque année, il est prévu
la semaine de promotion de la recherche (Sepri). C’est une plate-forme de
rencontre entre chercheurs, opérateurs économiques et les consommateurs qui
permet aux chercheurs de montrer les résultats de leurs travaux afin de bénéficier
d’éventuels financements des opérateurs économiques. C’est pourquoi des recommandations ont été
faites afin que l’Office ivoirien de la propriété intellectuelle (Oipi) se
mette à la disposition des chercheurs pour les breveter et surtout faire en
sorte qu’ils puissent bénéficier de moyens pour produire davantage.
De plus, au niveau financier, un
Fonds national de la recherche scientifique est sur le point de voir le jour.
Ce financement se décline aujourd’hui à
travers le Programme d’appui stratégique à la recherche et à l’enseignement
supérieur ( Pasres) doté d’un montant de 5 milliards de Fcfa. De la vie des spécialistes, ce fonds va
beaucoup apporter à la recherche car il sera le départ du financement dans la
durée de ce domaine.
C’est à ce prix que la Côte d’Ivoire peut s’engager
pour « le départ nouveau » aux fin de la placer dans la trajectoire
des pays émergents à l’horizon 2020.
David Ya
ALFRED KOUAME
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