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vendredi 12 octobre 2012

La gouvernance de la recherche en Afrique : l’exemple du Centre National de Recherche Agronomique (CNRA) de Côte d’Ivoire


Le directeur général du Cnra, Yo Tiémoko, 2ème à partir de la gauche

S’il y a un concept qui occupe de plus en plus une place prépondérante dans le vocabulaire des pays en développement, c’est bien la bonne gouvernance. Plus en vogue dans le domaine politique, la bonne gouvernance se  particularise chaque jour davantage. Ainsi nous avons la gouvernance d’entreprise, la gouvernance numérique, et aussi la gouvernance de la recherche. Tout ceci pour désigner les bonnes pratiques dans les secteurs concernés. Le 9 octobre dernier, un atelier organisé sur la Gouvernance de la Recherche Universitaire et les Systèmes Nationaux d’innovation a été l’occasion pour Dr YO Tiémoko,  directeur général de Centre national de recherche agronomique (CNRA) de présenter son exemple qui fait école, aujourd’hui. Articulé autour de cinq axes, exposé a montré les liens entre Gouvernance et Innovations, l’organes de Gouvernance du CNRA, le mécanismes de Gouvernance de la Recherche au CNRA, la valorisation et le Financement de la Recherche au CNRA ; et ce qu’est la Gouvernance pour leur  Recherche. En effet, définissant la gouvernance d’entreprise (corporate governance) en général, il a indiqué qu’elle désigne «l’ensemble des organes, processus, réglementations, procédures etc. mis en place au sein d’une entreprise, ou d’une organisation et qui influencent la manière dont l’entreprise est dirigée, administrée, et contrôlée ; plus précisément, il s’agit de l’ensemble des procédures et structures mises en place pour diriger et gérer les affaires d’une entreprise/organisation de façon à assurer la transparence et l’équilibre des pouvoirs entre le management et les autres parties prenantes (stakeholders) de l’entreprise/organisation ». Pour Dr Yéo Ti »moko, l’objectif de la gouvernance d’entreprise est d’assurer une gestion aussi efficace que possible, dans la durée, en prenant bien en compte les intérêts de tous les acteurs (parties prenantes) et en limitant autant que faire se peut les risques pour l’entreprise et pour l’environnement. Puis, se demandant si recherche est, elle aussi, concernée par la gouvernance d’entreprise il a définit la spécificité de cette activité ses principes de gouvernance, et comment une structure de recherche doit elle être gouvernée pour être performante. «La recherche peut être considérée comme un ensemble de  processus intellectuels et opérationnels utilisant de la matière grise, des ressources matérielles et financières et qui génère des biens, immatériels ou matériels : nouvelles connaissances, nouveaux process, innovations technologiques etc. Elle est donc un processus de production et le Centre de Recherche une entreprise d’innovations », a-t-il soutenu. Aussi, est-elle concerné par la bonne gouvernance. Car conduire la recherche agricole au bénéfice de l’Etat et des opérateurs agricoles pour trouver des solutions durables pour le développement et la modernisation de l’agriculture et l’agro-industrie nationales ; mettre au point des technologies et méthodes  en vue de l’amélioration de la productivité des exploitations, de la qualité et de la compétitivité des produits agricoles ; concevoir et mettre en œuvre des programmes de recherche performants et pertinents,  prenant en compte les préoccupations des opérateurs agricoles et agro-industriels et conformes aux priorités de l’Etat, comme c’est le cas du Cnra, ne peut se faire sans une certaine rigueur dans gestion. Pour tenir ce pari, le Centre national de recherche agronomique s’est doté de certains outils de gestion. Il s’agit, outre les organes ordinaires de gestion d’une entreprise moderne, d’un manuel des procédures de gestion, lequel constitue, selon lui, l’outil le plus important dans le fonctionnement quotidien de son entreprise. «C’est le repère. Il indique la démarche à suivre pour chaque décision opérationnelle : administration, acquisition de biens, gestion financière etc », souligne Dr Yo Tiémoko. Le  contrôle de gestion  qui  permet de veiller au respect strict des procédures en vigueur est le complément naturel du manuel de gestion. Mais également, afin de pouvoir se positionner sur le marché international où il opère avec beaucoup de succès, le Cnra s’est-il engagé dans             la démarche qualité. Laquelle a permis à cette entreprise s’améliorer continuellement et aboutir à la certification ISO 9001 version 2008.  De manière concrète, une procédure de planification de la recherche a été établie. Elle se décline en un  cycle de programmation de 4 ans prenant en compte dans chaque secteur les priorités de l’Etat, les besoins des utilisateurs en intégrant les enjeux scientifiques. Puis sont fixés, les priorités, les objectifs et les indicateurs de performance pour l’évaluation. Son également définis et mis en œuvre un cycle de gestion des activités de recherche ; l’évaluation de la recherche et des chercheurs.
Quant aux  procédures de gestion des innovations, elles intègrent une Charte de la propriété intellectuelle, laquelle englobe l’ensemble des valeurs d’éthique et de déontologie scientifique du centre et indique les modes de valorisation en matière de propriété intellectuelle : propriété, copropriété, brevets, certificats d’obtention, transfert de matériel, valorisation. Et la sécurisation des acquis de la recherche (plan de Sécurisation des ressources génétiques, des données informatiques et des informations publiées : mesures de gestion des risques et des plans de reprise en cas de catastrophe).
Par ailleurs, le directeur général du Cnra estime que la diffusion des acquis de la recherche doit occuper une place importante dans la politique de gouvernance d’un centre de recherche. 
Au total Dr Yo Tiémoko, estime que la gouvernance de la recherche, notamment publique, doit tenir compte de certaines spécificités  liées au secteur à savoir : une politique adéquate de gestion de la propriété intellectuelle qui préserve les intérêts de toutes parties prenantes ; des mécanismes de planification permettant de prendre en compte les besoins de toutes les parties prenantes ; l’amélioration de l’image et de la légitimité de la recherche vis-à-vis de la population par l’établissement d’un dialogue. Toutefois souligne-t-il, peu de données existent sur la gouvernance des structures de recherche de par le monde. Encore moins en Afrique. Aussi, appartient-il aux gestionnaire de ces structures «d’être audacieux et innovateurs pour inventer les nouvelles normes de gestion à même de rendre notre recherche plus performante ».

David Ya


mardi 2 octobre 2012

Révolution numérique : l’agonie des médias traditionnels


Les médias modernes impose petit à petit leurs lois et présence

 
D’après les spécialistes de l’industrie des médias, les médias traditionnels, entendez surtout par la, la presse écrite telle qu’elle a toujours existé est condamnée à disparaître. Du reste sous la forme que nous connaissons. L’une des principales causes est qu’elle devient  au fil du temps, de moins en moins compétitive par rapport aux nouveaux  canaux de diffusion de l’information qui ont vu le jour avec la révolution numérique ou l’Internet. Selon le sociologue des médias et auteur de l’ouvrage intitulé La fin de la télévision, édition Le seuil (2006), Jean-Louis Missika . presse est fondée sur trois sources de revenu, trois modèles économiques bouleversés par l’Internet : les  petites annonces pour lesquelles la presse subit la concurrence de sociétés sur Internet comme eBay ou Craig’s List ; la publicité, segment sur lequel domine des géants comme Yahoo! ou Google qui s’emparent de l’essentiel des ressources ; et enfin la vente au numéro qui se heurte aux habitudes de gratuité de l’information des internautes. Ainsi, pour se maintenir les médias classiques ont besoin de gros financements. Lesquels se font rares puisque selon des études, les gros investissements dans ce secteur ne sont pas rentables à court terme. Pourtant les charges de production restent élevées. Par exemple, selon les spécialistes, les investissements en matériels d’impression et l’achat de papier représentent près de 10% des dépenses du journal. S’y ajoute le coût de la production intellectuelle qui s’élève à près de 20% des dépenses totales.
Face à ce défi quasi insurmontable, la timide réaction des groupes de médias traditionnels qui a consisté à s’afficher sur l’Internet n’a pas suffi pour endiguer la dégringolade de leur cote. Au contraire, l’explosion en 2006 des médias citoyens et communautaires tels que les blogs ou des sites comme You Tube, qui affichent gratuitement chaque jour des millions de vidéos postées par les internautes, les médias classiques ont du mal à suivre. Pire encore, les fournisseurs d’accès à l’Internet et les opérateurs de téléphonie mobile se sont invités dans ce marché devenu exigue. Ainsi sur le portail de certains d’entre eux, il est offert aux abonnés, la possibilité d’accéder à un système original d’alerte pour l’actualité. Sans compter des géants comme Yahoo ! qui se sont lancés dans la production de contenu.
A la vérité, pour les spécialistes, cela n’est que l’aboutissement d’un processus dont l’élément annonciateur a été présenté à l’Exposition universelle de New York, en 1939. En effet, d’après Scientific American, « en 1939, à l’Exposition universelle de New York, on pouvait voir l’un des premiers programmes télévisés. Mais le poste de télévision était à lui seul digne d’attention : à la fois radio, magnétoscope et projecteur. Cet appareil illustrait le souhait de fondre tous les médias en une seule entité». C’est donc sans surprise que la première riposte des médias classiques, pour se maintenir, a été de s’approprier ces nouveaux canaux de diffusion de l’information et pour les groupes de presse qui en ont les moyens de nouer des partenariat ou d’acheter des «cybermadias » très connus. C’est le cas du groupe de médias New Corporation qui avait racheté MySpace. Il en est de même pour, The Nework Times, qui a préféré se positionner sur le numérique en définissant une stratégie de marque. «Le quotidien américain met en avant son titre, réputé pour son sérieux et sa rigueur, pour décliner sur Internet, de l’information écrite, sonore, visuelle sous un label éponyme », souligne Jean-Louis Missika. Mais cette option n’est pas à la portée de tous. «Cela exige de lourds investissements (…) indispensables si les médias traditionnels veulent survivre ». Cet avertissement est à prendre au sérieux, même dans les pays africains où les médias classiques semblent avoir encore de beaux jours devant eux.
David Ya